Jamais sans mon portable : attention, vous êtes nomophobe !
"Souvent la peur d'un mal nous conduit dans un pire"*
Des mois que je n’ai pas vu Tata Paulette. Elle va, elle vient, s’en va et repart aussitôt. A croire qu’elle s’entraîne pour le Marathon de New York, ou des environs.
Alors que j’essaie de l’attraper au vol (elle court vite Tata Paulette), elle me coupe dans mon élan pour me lancer un rapide :
« Je ne fais que passer, j’ai perdu mon téléphone portable.
- Paulette, vous n’avez pas de téléphone portable !
- Ah tant mieux, tu me rassures, je commençais à croire que j’étais nomophobe ».
Je ne sais pas si c’est rassurant de chercher désespérément un téléphone que l’on a pas, mais bon, elle a l’air si apaisé, je ne voudrais pas casser l’ambiance.
« Et c’est quoi nomophobe, Paulette ?
- Une nouvelle névrose de notre ère numérique. Une maladie qui se répand aussi vite que l’avancée des nouvelles technologies.
- Mais encore…
- L’angoisse de perdre son téléphone ! "Nomophobie" vient de l’expression anglo-saxonne "no-mobile-phone phobia" qui désigne le fait d’être complètement angoissé, terrifié, en panique, sitôt qu’on est éloigné de son portable.
- Ah oui c’est terrible en effet.
- Tu rigoles mais il existe de vrais symptômes : une forte inquiétude lorsque notre portable n’est pas à portée de main, le rythme cardiaque qui s’accélère dès qu’il y a une faible réception ou plus de batterie, une angoisse constante rien qu’à l’idée d’avoir perdu son portable, voire des nausées ou des tremblements…
- Pas de quoi en faire une maladie !
- Si, figures-toi qu’une étude menée en Angleterre vient d’être publiée : elle démontre que 66 % des interrogés avouent être très angoissées rien qu’à l’idée de perdre leur téléphone, alors qu’ils n’étaient que 53 % il y a 3 ans.
Les femmes seraient plus "touchées" par cette phobie (70%) que les hommes (61%) même si les 18-24 ans seraient les plus sérieusement atteints avec un total de 77% devant les 25-34 ans (68%).
A tel point que certains possèdent deux téléphones, au cas où.
- N’est-ce pas un peu exagéré ?
- Peut-être, sauf qu’il existe un lien quasi-charnel entre l’Homme et son portable. Un peu comme l’enfant avec son doudou ou un fétichiste avec son gri-gri. Ce phénomène s’est amplifié avec l’arrivée des Smartphones et forfaits illimités : aujourd’hui on peut tout faire, et partout, avec son téléphone. Alors une fois que tu ne l’as plus, tu as l’impression de louper quelque chose, tu te sens coupé du monde.
- Virtuel un peu le monde quand même…
- Attends, un autre sondage, réalisé en France cette fois, montre que 22 % des français interrogés jugent impossible de passer une journée sans leur portable. C’est devenu obsessionnel.
Cette peur déclenche de véritables comportements anxieux, de quoi remplir les salles d’attente déjà pleines des psys.
- Ou les files d'attente des opérateurs téléphoniques !
Extension du domaine de l’addiction, bonjour… A quand le premier greffon de puce téléphonique ?
*
Sur le même thème " Psycho-tics et tocs" :
- Internet crée une forte dépendance. Ne commencez pas.
- Sexe et autres addictions : les nouvelles maladies du 21è siècle
- Quand la peur de l'accouchement devient une maladie
- Vide ton sac je te dirais qui tu es
- L'aspirateur, votre meilleur anti-dépresseur !
- L'animal contre les maux, ou la thérapie par le chat
*
*Nicolas Boileau